Valorisation des bétons de déconstruction
Cette approche vertueuse permet de transformer ces déchets en ressources et de réduire les impacts humains et environnementaux. Exemples sur les chantiers de la Maillerie et de Grand Nancy Thermal où cette démarche a été mise en place.
La Maillerie
Sur l’ancien site logistique des 3 Suisses, le développement du nouveau quartier a nécessité la déconstruction de bâtiments existants. Les 40 000 tonnes de béton issues de la déconstruction ont fait l’objet d’une démarche de revalorisation d’une ampleur inédite. Son objectif : réutiliser 100 % des agrégats ; les fines en matériaux de remblais et de carrelage, les agrégats 6/20 pour les bétons des constructions sur site et le supérieur à 20 pour les matériaux de fond de voirie. Retour sur chacune des étapes.
1/ Avant la déconstruction : rédaction d’un cahier des charges sur la base d’un process défini avec la start-up Néoeco
Les objectifs :
• Assurer un bon tri à la source et une bonne préparation des granulats recyclés afin d’obtenir la meilleure qualité possible
• Maximiser les taux de substitution dans les formulations du futur béton
Retour d’expérience :
Il est nécessaire de :
• réaliser une cartographie aboutie des matériaux qui composent les ouvrages existants
• définir une méthodologie de déconstruction et un plan d’installation du concasseur-cribleur et des zones stockages. Cette réflexion amont permet de limiter les déplacements d’engins
2/ Pendant la déconstruction : prélèvement de nombreux échantillons pour caractériser le granulat produit
Les objectifs :
• Préciser ses caractéristiques : part d’indésirables flottants et non flottants, granulométrie, teneur en fine, en eau, coefficient aplatissement, masse volumique…
• Affiner les paramètres du criblage : grille de calibrage, durée du tamisage…
• Passer rapidement d’un granulat de type II à un granulat de type I
• Procéder à des essais de formulation en laboratoire en faisant varier de taux de substitution de 10 à 30 %
Les résultats :
• Compression, module de Young, fendage et retrait : pas d’impact négatif ou niveau proche
Retour d’expérience :
• Les grilles de calibrage en maille rectangulaire ont des résultats qualitatifs mais augmentent le volume de fines
• Un tamisage plus long donne un résultat plus qualitatif mais impacte le planning de déconstruction
3/ Après la déconstruction : transfert des agrégats 6/20 vers la centrale à béton d’Eqiom
• La formulation avec le taux de substitution maximal (30 %) a été retenue
• Les contraintes assurantielles ne permettent pas d’aller au-delà
Retour d’expérience :
• Le décalage temporel entre la production et la réutilisation a un impact non négligeable en termes de suivi et de coût, mais également de maintien de la qualité de l’agrégat
4/ Coulage des bétons
• 325 m³ soit 37 % des voiles coulés sur le bâtiment Liseré (105 logements)
• 318 m³ soit 50 % des voiles coulés sur le bâtiment Cachemire (50 logements)
• L’ensemble a été mis en œuvre sur des voiles bardés ou intérieurs
5/ Réutilisation des autres formes agrégats
Agrégats <6
• Le produit est très fin et n’est pas admis en remblais
• Expérimentation en cours pour la revalorisation sous forme de carrelage, de pavage et de mobilier (création de nouvelles filières de transformation)
Agrégats >20
• 15 000 tonnes réutilisées en fond de forme sur l’ensemble des voiries
Un bâtiment conservé et reconverti en parking
Ces 5 300 m³ de béton conservés, 3 500 m³ en superstructure et 1 800 m³ de pieux et massifs, représentent autant de déchets et presque autant de nouveau béton évités. La conservation du bâtiment et sa réhabilitation en parking représentent un bilan carbone positif (1 350 tCO2 éq évitées) et une économie de ressources (gisement naturel non extrait).
Grand Nancy Thermal
Le projet mêle construction de nouveaux bâtiments et réhabilitation de certains existants. Ces travaux entrainent la démolition de structures n’ayant pas de valeur patrimoniale. Elle représente une surface d’environ 37 000 m² de dallage, dalle et voiles.
Les bénéfices d’une démarche de recyclage des bétons sur ce projet :
• Diminution de l’empreinte carbone
• Diminution du flux de camions sortant et entrant, dans une zone fortement urbaine
• Gain économique
Les contraintes et difficultés rencontrées :
• L’émission de poussière pendant la phase de concassage
• La nécessité d’avoir une zone de stockage importante sur site
En chiffres :
17 000 000 tonnes de bétons concassés et réutilisés en matériaux de structures de voiries et de remblai périphérique pour le sous-sol
2 000 trajets de camions de 18 tonnes évités (1 000 vers la décharge et 1 000 pour acheminer le remblai)
305 tonnes de CO2 évitées